La pedana del M° Gérard Six


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M° Gérard Six

 

 

 

 

 

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Escrime au féminin par G.Six

 

Nous commencerons notre article par quelques citations glanées au cours de nos lectures ; elles sont assez révélatrices de l’esprit qui accompagnait cette pratique au cours des ans. Elles nous démontrent les mentalités conscientes ou inconscientes que pouvaient afficher certains escrimeurs à différentes époques. Pratique virile, machisme, origines militaires, sexisme, supériorité et domaine réservé : vous avez le choix ! Mais pas des armes !

 

– « L’aiguille et l’épée ne sauraient être maniées par les mêmes mains. »  Jean-Jacques Rousseau

– « A neuf heures du matin, la femme de chambre annonce : le maître d’armes de madame ! Et l’on entend bientôt le joyeux cliquetis, les appels, les hourras. Madame saute, rompt, s’élance, se fend, ses joues sont roses, sa respiration entrecoupée. Madame est vaillante, madame est fière, madame se sent vivre… ».  Aurélien Scholl, Fuits défendus. 1885

– « Le sport originellement a un sexe et il est masculin » C. Louveau, in A. Davisse et C.Louveau, Sport, école, société : la différence des sexes, l’Harmattan, 1996

– « Il n’est point d’être plus odieux que ce qu’on appelle la femme sportive, celle qui est préoccupée comme et presque autant que nous, de faire de la marche, du tennis, de l’escrime, du cheval, et qui a tant de choses sportives inscrites dans le programme de son existence journalière qu’elle ne trouverait plus le temps de donner à téter à son gosse si elle n’avait point aidé la providence à ne pas lui en donner, et qu’elle ne trouve pas davantage celui de songer aux soins de son intérieur et à la décence de sa tenue » P. de Coubertin

– « L’Épée, avec un « É » majuscule, c’est à la fois le fer, la force, la chevalerie, la noblesse ou la soldatesque. Et les femmes… ce sont ces êtres faibles et pervers, qui ne pensent qu’à l’Épée, pour la posséder, la séduire, la tromper et l’amollir… Et voilà pourquoi l’homme n’est plus ce qu’il était !… »  in l’épée et les femmes d’Ed. de Beaumont

 

– « Sans le duel, j’en ai la conviction, le respect que l’on se doit disparaîtrait d’une partie de la société ; les hommes deviendraient médisants entre eux, comme la plupart des femmes le sont entre elles ; jugez où en serait la société avec de pareils éléments ! ».  Cordelois, Leçons d’armes, 1862.

– En escrime, la femme doit savoir marcher, se fendre et tirer droit ; l’homme doit savoir s’effacer et rompre ! (Sur une carte humoristique)

– « La langue est l’épée de la femme car sa faiblesse physique l’empêche de se battre avec ses poings et sa faiblesse intellectuelle la pousse à renoncer à donner des preuves : il ne lui reste donc que l’abondance des mots. » Paulus Julius Moebius, extrait de De la débilité mentale physiologique chez la femme.

– « La langue des femmes est leur épée, et elles ne la laissent jamais rouiller. » proverbe chinois.

–  « J’ai écrit « L’escrime et la femme », certain d’obtenir l’assentiment de tous ceux qui pensent que l’épée sied à la femme autant qu’au gentilhomme ». «  L’escrime, toute de vitesse ou d’imprévu ; de rusées demandes ou de fougueuses réponses, d’attaques méditées et suspendues sur une menace de l’adversaire, de réflexions soudaines¸ d’audacieuses tentatives ou de calme intermittent, l’escrime, disons nous, agit et porte avec méthode sur la généralité du sujet … L’escrime développe l’intelligence, rend l’à-propos plus facile, et par la vitesse de réflexion qu’elle exige, la sûreté de jugement qu’elle demande, prépare le cerveau aux rapides compréhensions. Appliquer l’escrime à la jeune femme, c’est lui rendre la conscience de sa force et de sa valeur.». Bergès Alexandre, L’escrime et la femme, Paris, 1896.

 

– « Je me suis vanté toute ma vie en me faisant passer pour une femme ». Le  Chevalier d’Eon (1728 – 1810)

– « Avec une charmante escrimeuse, on est plus souvent tenté de prendre le pour que le contre ». Saint Albin, les salles d’armes de Paris, 1875

– « Sachez Mesdames, que le principal inconvénient de l’escrime, c’est de vous obliger à vous masquer » Jules Ranson, rédacteur, 1896 ;

– « A Rome, les patriciennes, notamment les filles des plus illustres familles (les Lapides, les Métellus, les Fabiens) ne craignaient pas de prendre le casque et la tunique des gladiateurs et de descendre dans l’arène ».  Albert Lacaze, Revue Escrime, 1980 ;

– « Le flirt est la leçon d’escrime que prend une femme avec des fleurets mouchetés avant d’aller sur le terrain des épées véritables. », Maurice Donnay

Escrime au féminin (suite)par G.Six

 

Si la femme a fait preuve, en tous temps, de qualités de vaillance, d’énergie et d’adresse, ce n’est pas pour autant que les arènes sportives leur furent ouvertes facilement.

Les Jeux Olympiques anciens de Grèce ont duré plus de 11 siècles (de – 776 à + 393 après J. C.) et, contrairement à la croyance populaire, des compétitions pour les jeunes filles eurent lieu à Olympie en l’honneur d’Héra, elles se déroulaient tous les 5 ans, en dehors des Jeux Olympiques (L’entrée des Jeux Olympiques était par contre interdite aux femmes sous peine de mort).

« Les jeunes filles étaient classées selon leur âge et devaient couvrir, comme les jeunes garçons, 1/6 ème du stade et obtenaient un prix d’honneur, également une couronne tressée. Les concurrentes à la course portaient un court chiton, elles couraient les cheveux défaits, l’épaule et le sein droit dénudés » Raconté par Pausanias dans « Olympie et ses jeux », d’Heinz Schobel, 1965.

 

Rappelons également qu’à Rome, les patriciennes des plus illustres familles (les Lapides, les Métellus, les Fabiens) ne craignaient pas de prendre le casque et la tunique des gladiateurs et de descendre dans l’arène des munus (Munus est le nom que l’on donne aux combats de gladiateurs qui prirent place de – 264 à + 410 après J. C. : soit 650 ans !)

Selon Juvénal, ces gladiatrices (ou gladiateures) « s’efforçaient à porter des coups, sous les yeux d’un lanistae (maître d’armes) ». Il écrivait d’ailleurs, à propos de ces patriciennes éhontées qui combattaient dans les cirques romains : ferrum est quod amant ! Sous l’empereur Sévère, un combat opposant des femmes fut organisé et il attira – on s’en doutait – une multitude de spectateurs.

Brantôme, véritable chroniqueur de son époque Renaissance, observe que les nobles dames « s’agendarmoient ». Cervantès rapporte le fait d’un jeune homme faisant des armes avec sa maîtresse et Tallemant des Réaux cite dans ses Historiettes, mille « ferrailleries de preuses et gentifames ».

Au Moyen Age, des tournois féminins s’organisaient en Italie et en Allemagne et la chronique scandaleuse conserve le souvenir de duels de femmes : celui de Mmes de Nesles et de Polignac pour le Duc de Richelieu, ceux de Mme de Chasteau-Gay ou de Mme la Douze, de Sylvie de Molière ou de Mlle Durieux…

 

L’escrime féminine en France a longtemps été un épiphénomène ignoré  par les profanes. Les chevalières de Maupin d’Aubigny se font rares jusqu’au 20e siècle et il faut attendre 1900 pour voir les premiers assauts publics féminins, souvent donnés par des femmes ou filles de maîtres d’armes (Desmedt, Mérignac, Gabriel, Ruzé,…). Avant cette date les escrimeuses étaient tolérées et, comme l’écrivait Emile Zola, « elles passaient leurs après-midi à faire voleter autour d’elles les pointes émouchées de lames trempées dans l’acier de leur ennui ».

Aurélien Scholl, dans Fuits défendus nous narre à sa manière la femme d’épée :  « A neuf heures du matin, la femme de chambre annonce : le maître d’armes de madame ! Et l’on entend bientôt le joyeux cliquetis, les appels, les hourras. Madame saute, rompt, s’élance, se fend, ses joues sont roses, sa respiration entrecoupée. Madame est vaillante, madame est fière, madame se sent vivre… ».

Jean Joseph Renaud reconnaît en 1910 dans une revue de « l’escrime française » que « l’escrime féminine est plus pratiquée à Londres qu’à Paris, et que l’escrime demande souplesse et malice, qualités dont les femmes ne sont pas dépourvues ». Mais est-ce bien là un compliment ?

Desbarolles attribue à l’escrime d’autres valeurs : « Et pourquoi les femmes ne feraient-elles pas des armes après tout ? L’exercice de l’escrime fait circuler le sang et vient ajouter à l’éclat de la peau les couleurs de la santé. Les formes deviennent plus belles ».

H.G.Berger nous donne son sentiment sur cette pratique féminine qui s’installe à la fin du siècle dernier : « Les femmes n’aimaient pas comme maintenant, à pratiquer l’escrime. Je n’ai jamais compris pour elles, ce sport violent demandant des qualités de tête et de combativité morale et physique que, par nature, elles n’ont pas. L’escrime n’est pas de la plastique et la fente des armes et la transpiration ne siéent pas au beau sexe. ». Autrement dit, la vocation de la femme est tout autre : être belle (le masque d’escrime les cacherait), être forte pour enfanter de beaux escrimeurs et de futurs soldats

Alexandre Berges abondait dans ce sens en mai 1895, dans un opuscule intitulé « l’escrime et la femme » : « appliquer l’escrime à la jeune fille, c’est lui rendre la conscience de sa force et de sa valeur. Habituer, familiariser sa timidité et ses craintes avec l’acier dont elle armera le fils qui, au jour des tempêtes, nous donnera la victoire : c’est là un devoir auquel je m’associe. » Sedan n’était pas très loin et l’on voyait fleurir les bataillons scolaires.

L’émancipation féminine est déjà, en ce début du 20e siècle, un long combat à fleurets démouchetés heureusement approuvé par certains: « des femmes aussi fréquentent et ne dédaignent point de faire assaut, le joli sexe a toutes les qualités requises pour tenir le fleuret et faire face à l’ennemi ; la nature, les nerfs, le don d’observation rapide, tout l’aide, jusqu’à la ruse… ; par cet exercice, les femmes se développent, acquièrent une énergie qui manque à beaucoup d’entre elles » Letainturier-Fradin (1900).

Madame Gabriel, fille et épouse de maître d’armes décroche le diplôme de maîtresse d’armes après avoir commencé l’escrime en 1886 pour raison médicale. Elle créa en 1894 le « Cercle d’Escrime des Dames » mais son enseignement n’eut pas le succès escompté. (à suivre)

 

On notera qu’il fallut attendre 1907 pour voir le 1er Championnat du Monde au fleuret féminin à Londres, et 1924, aux J.O. de Paris pour attribuer la 1ère médaille olympique de fleuret féminin (25 participantes). On attendra les Jeux d’Atlanta en 1996 pour connaître la 1ère médaillée olympique à l’épée féminine : il s’agissait de Laura Flessel. Le sabre féminin attendra 2004.

Peu de chiffres précis concernant la pratique féminine de l’escrime à la « belle époque » et c’est tout à fait regrettable ; toutefois nous pouvons affirmer que cette pratique était un épiphénomène en France et une pratique dépendante du contexte masculin. L’escrime semble toutefois faire figure « d’avant-gardisme » par rapport à d’autres sports. L’escrime n’a pas été la dernière pratique physique à se féminiser, bien au contraire il fut certainement un précurseur et un novateur en cette circonstance. L’escrime fut le 5ème sport olympique à se féminiser.

D’autre part nous savons que la haute bourgeoisie féminine a alimenté les suffragettes et les Associations féministes du début du 20ème siècle. L’escrime étant à cette époque un sport essentiellement bourgeois et aristocratique, il n’est pas étonnant qu’il ait été rapidement féminisé. Cette  avancée armes à la main n’est pourtant pas allé très loin.

L’obligation de se « masquer » ne conviendrait pas trop aux préoccupations du sexe faible, mais, à l’opposé, la domestication des pratiques et donc leur euphémisation est-elle un attracteur ? Les connotations « militaires » de pratiques ancestrales seraient-elles un frein possible à la féminisation ? Si l’on est en droit de se le demander on peut toutefois remarquer que cette féminisation a une croissance régulière (6% en 37ans).

L’escrime se féminise donc progressivement et apparaît comme l’un des sports les plus paritaires. En 1977, avec 24% de licenciées féminines, l’escrime se classait, 8ème sport olympique féminin sur 22 et 11ème sport sur 48, tous sports confondus, derrière le ski, le tennis, la gymnastique volontaire, la gymnastique ou les sports équestres.[1]

Une étude plus poussée, plus affinée sur l’ensemble des licenciés de 1996 à 2001 donne les répartitions suivantes : Hommes (72%), Femmes (22.2%) et Demoiselles (5.8%). Actuellement l’escrime féminine représente globalement le 1/3 de l’escrime française.

 

QUELQUES ECRITS ET DATES IMPORTANTS

1885.  Sortie du livre “les femmes de sport” du baron de Vaux où 26 femmes sportives (et souvent issues de la nobless  e) sont décrites

1892. Droit de porter un pantalon pour la pratique du vélo mais pas encore pour l’escrime

1912. Création de l’Union Française de Gymnastique Féminine (UFGF) où l’on pratique surtout des activités de loisir

1900. « de part son anatomie spéciale, la femme est incapable des efforts que comporte tout sport. Il semble oiseux d’insister sur ce point qu’un sport n’est pas un jeu de femmes” Dr Héricourt

1904. “la femme a plus de devoirs que de droits, la pratique sportive de compétition semble incompatible avec cet ordre social qui trouve des justifications physiologiques” H. Desgranges

1912. P. de Coubertin à Stockholm “Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte” il restera hostile à la pratique féminine

1924 le fleuret féminin entre aux J.O.

1936. Confirmation de Coubertin “le seul véritable héros olympique c’est l’adulte mâle individuel. Par conséquent, ni femme, ni sports d’équipes”

1996 L’épée féminine entre aux J.O.

2004 Entrée du sabre féminin aux J.O.

 

 

Escrime au féminin (suite) par G.Six

La Maupin (1673 – 1707)

De nombreuses comédiennes portaient sous Louis XIII, le costume masculin et l’une d’entre elles mettait facilement l’épée à la main : Madelaine d’Aubigny dite La Maupin.

Disciple de Mars par l’intermédiaire des Maîtres d’Armes de la Cour et du baron de Césane, sous l’emprise d’Aphrodite par tempérament, adepte de Melpomène par l’éducation que lui fit donner son père, le Grand Ecuyer du Roi et secrétaire du Comte d’Armagnac Gaston d’Aubigny…Telle pourrait être la synthèse de la vie tumultueuse de la Maupin.

Si le pré, l’alcôve et la scène furent son domaine c’est que l’escrime, l’amour et le chant alimentèrent ses passions. Le prévôt d’armes Théodore de Sérannes et le Comte d’Armagnac lui donnèrent ses premières leçons qu’elle prit avec enthousiasme et assiduité : magister dixit.  Théophile Gautier nous la fit revivre dans un de ses romans, mais celui-ci semble fade face à la réalité dissolue de ce Chevalier d’Eon au féminin. Elle prit en effet l’habit masculin par goût et par provocation, parfois par nécessité. Déguisée et cravachant son cheval, elle échappa aux poursuites du parlement d’Aix qui l’avait condamnée au bûcher pour enlèvement d’une… jeune fille dans un couvent. Mariée à un marchand, elle le quitta le lendemain des noces ; cette nature infidèle portait souvent son cœur là où visait l’épée. Le Comte d’Albert ne devint-il pas son amant après des joutes sur un autre terrain ?

Les duels de la Maupin furent célèbres et souvent mortels, ils l’obligèrent un temps à quitter la France pour la Belgique où elle devint la « maîtresse d’armes » de l’Electeur de Bavière. Confite en vertu, elle mourut en France en 1707, à 34 ans, après avoir fondé un hospice.

 

 

BIBLIO.

·         Louis-Joseph d’Albert de Luynes, Recueil de différentes pièces de littérature, Amsterdam, 1758.

·         Marcelle Benoit, Versailles et les musiciens du roi (1661-1733), Étude institutionnelle et sociale, Paris, Éd. Picard, 1971.

·         Marie-Joe Bonnet, Les Relations amoureuses entre les femmes du XVIe au XXe siècle. Essai historique, Éditions Odile Jacob, Collection Opus, 1995.

·         Émile Campardon, L’Académie royale de musique au XVIIIe siècle. Documents inédits découverts aux Archives nationales, Paris, 1884.

·         Guillaume Dubois, Mémoires du cardinal Dubois sur la ville, la cour et les salons de Paris sous la Régence, XIXe siècle, Paris.

·         Théophile Gautier, Mademoiselle de Maupin, Société belge de librairie, 1837.

·         Geroges D’Heylli, Foyers et coulisses, Opéra, tome 1, Paris, 1865.

·         Arsène Houssaye, Princesses de comédie et déesses d’opéra, Paris, 1867.

·         Gabriel Letainturier-Fradin, La Maupin (1670-1707), sa vie, ses duels, ses aventures, Flammarion, Paris, 1904.

·         Claude-Jean Nebrac, Chronique d’une année du règne de Louis-le-Grand : août 1697 – juillet 1698, BoD, 2014.

·         Nicole Pellegrin, « Le genre et l’habit. Figures du transvestisme féminin sous l’Ancien Régime », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés, 1999.

·         Saint-Simon, Mémoires, tome treizième, Paris, 1897.

 

 

« L’escrime et la femme »in 1898.

par Louis Perrée in La vie au grand air du 15 avril 1898 (n°2) signé par Louis Perrée, né le 25 mars 1871 à Paris (3e ) et mort le 1er mars 1924 à Ivry-la-Bataille, épéiste français 2e à l’épée aux J.O. de 1900.

Publia avec Henry Hébrard de Villeneuve et F. Séguin. Silhouettes d’escrimeurs. en 1901.

Extraits :

Tout ce qui a été dit sur l’escrime, comme agent développateur de l’intelligence s’applique aussi bien à la femme qu’à l’homme…

Appliquer l’escrime à la jeune fille, c’est lui rendre la conscience de sa force ; c’est développer les sentiments de haute valeur qui sont en elle.

Au point de vue médical, l’escrime qui régularise les dépenses, brûle les graisses, élimine les toxines, etc. constitue un puissant appoint, un modificateur actif dans toutes les maladies produites par certaines nutritions, telles que l’obésité, les rhumatismes, la goutte, la migraine. Ou pour lutter contre la scoliose,  la bronchite, la tuberculose.

Au point de vue intellectuel, physique ou médical, l’escrime est un exercice favorable à la femme.

 

Dans le passé, au moyen âge, la fille du roi Caidre (Tartarie) lutta en combat singulier contre tout écuyer ou damoiseau en promettant d’épouser son vainqueur : aucun ne put réussir.

Marie de Pouzzoles, contemporaine de Pétrarque (14e siècle) acceptait les défis et livrait des combats singuliers en tournois.

Au 15e siècle des dames allemandes organisèrent des tournois féminins ou des luttes armées.

Cervantès (16e) raconte dans une de ses nouvelles, qu’un jeune homme fait des armes avec sa maîtresse.

La spadassine Catalina de Erauso (17e ) également connue comme La Monja Alférez (« La nonne lieutenante »), se battit souvent en duel.

Un régiment de cavalerie allemande était commandé en 1460 par un lieutenant colonel du nom de Hendrick, en fait une femme qui tua en duel un de ses collègues qui l’avait surnommée « capon » du fait de son manque de barbe. Son sexe ne fut connu qu’à sa mort bien qu’elle eut épousé une femme qui garda son secret.

Au Portugal, Dona Maria, héroïne guerrière, contraignit son amant infidèle à l’épouser en le défiant en duel.

En France, au 17e siècle, La Beaupré et La des Arlis se battirent avec de courtes épées et se firent des blessures au visage et à la gorge, là où portaient leur envie et leur jalousie.

D’après les historiettes de Tallemant de Réaux (17e ) Mme de Samois voulait se battre en duel à tout bout de champs (clos ?), Mme de Château – Gay envoyait des cartels à ses amants ; Mme Sylvie de Molière se battit en duel à l’épée contre une autre femme, habillées en homme.

Une demoiselle Durieux se bat en duel en pleine rue contre un nommé Rutinetti, son amant.

En France, les maîtres Charles et Adolphe Ruzé organisèrent des cours féminins où leurs filles brillèrent. Citons aussi Mmes Cotis, Aufort, Camille Lefebre, Ernesta Robert-Mérignac, Melle Sézure (Boulogne s/m), Melle Desmedt (Bruxelles), Mme Dumont-Werner, …

Mme Gabriel fille du maître lyonnais Eloi Trigault débuta l’escrime à 14 ans pour combattre son anémie et l’escrime lui sauva la vie. Elle débuta en public en 1886 et rencontra triomphe après triomphes. Fit des reconstitutions historiques, créa le Cercle d’escrime des Dames en 1894. Sa devise était « ludus pro forma »

 

Leçon collective et escrime artistique au féminin en 1885

Les escrimeuses viennoises

Un professeur d’escrime de Vienne, M. Harti, amena à Paris des escrimeuses effectuant des assauts publics, prenant la leçon et pratiquant l’escrime à deux mains. Le costume de ces escrimeuses « était d’une coquetterie irréprochable et, malgré cela, ne manquait pas de réserve. Sur un maillot bleu ou grenat, une jupe de même couleur descend sur le genou, le corsage est en laine et de même couleur que la jupe, il se complète par un plastron de peau jaune capitonné serré derrière par des courroies de couleur identique. Les sandales sont vernies et le masque en cuir rouge. Les fleurets dont se servent les élèves du maître Harti sont légers, garnis d’une coquille comme des épées de combat.

 

La première partie se compose du grand salut (le mur) très bien réglé, entre toutes les élèves, puis à des assauts succèdent des leçons qui prouvent que les élèves suivent sérieusement l’enseignement de leur maître, lequel, après un assaut, donne simultanément la réplique à deux des meilleures et des plus solides adeptes du fleuret ». Le Journal Illustré du 15 février 1885 – n° 7 – p. 52.

 

 

 

Sources escrime au féminin :

Livres
–         Ed de Beaumont, L’épée et les femmes, 1881 ;

–         Baron de Vaux, Les femmes de sport, 1885 ;

–         VAUX (Arthur, Charles Devaux, dit le baron de) Le Sport en France et à l’étranger. Silhouettes sportives. – Paris, Rothschild, 1899-1900 – 2 tomes , p. 308-325 ;

–         Fémina Bibliothèque, Pour bien faire du sport, 1912, p39-48 et 337-343 ;

–         Bergès (Alexandre), L’escrime et la femme, bibliothèque sportive 1896, 60 ;

–         Letainturier-Fradin (Gabriel), La Maupin, 1906 ;

–         Letainturier-Fradin (Gabriel),Les joueurs d’épée à travers les siècles, 1900 (l’escrime et la femme p. 491) ;

–         Henry de Goudourville, Les salles d’armes d’aujourd’hui 1896 ; 360 p., (p. 297 portrait de Mme Lefebvre, professeur d’escrime pour dames) ;

–         BADMINGTON MAG Sports and pastimes, 1895, p 234 à 244

–         Dr Boigey Maurice, PRECEPTES ET MAXIMES d’éducation physique, 1920 ;

–         Pierre de Coubertin, L’éducation des femmes, in Textes choisis, T1, ref. 3.11, 261-267

 

Articles

–         Lectures pour tous, En garde mesdames,

–         « L’escrime et la femme » par Louis Perrée in La vie au grand air du 15 avril 1898 (n°2) signé par Louis Perrée,

–         « Escrimeuses » in Femina, 01/12/1904

–         « Escrimeuse, in Femina, 15/05/1903

–         Roger Duchaussoy, La monja Alferez dona Catalina de Erauso, conquistador et spadassin, in Revue Escrime (la none militaire d’Espagne par Thomas de Quincey) ;

–         Paul d’Ariste, A travers les salles d’armes, escrime féminine vers 1850, in L’escrime et le tir, n° 22 / 23 p22 ;

–         Albert Lacaze, l’escrime et la femme,

–         « En garde, Mesdames »in Point de vue du 01/11/1945

–         Groupe de travail Femmes et sport, 16 octobre 2003 ;

–         Henri Nicolle, Escrime pour dames, in Revue illustrée 1894 / 1895 p 78-83 ;

–         Leclercq André, Présence de la femme dans le sport, in Revue EPS 283, mai 2000 ;

–         Marciano Daniel, L’épée et les femmes, in Revue escrime ;

–         Scholl Aurélien, l’escrime et les femmes, in revue l’escrime, p148-151 ;

–         Soupizet René, l’épée féminine, article 1970

–         Gérard Six, La pratique féminine à travers l’escrime, FNMA, 2002

 

Escrime au féminin   (1883) par Théodore de Banville
(illustration de G. Villa – programme)

Chez nous l’Éternel Féminin

A pris un essor léonin.

Les femmes les plus délicates

Sont avocates.

D’autres, ayant le charme empreint

Sur leur front, dont nous n’avions craint

Que les oeillades assassines,

Sont médecines.

Celles-là, dont le vent mutin

A follement, dès le matin,

Baisé les boucles et les tresses,

Sont les peintresses.

Celles-ci, coeurs inexpliqués,

Mettent en rythmes compliqués

Leurs mélodieuses tristesses

De poétesses.

D’autres par l’esprit le plus fin

Nous ravissent. D’autres enfin,

Et certes ce n’est pas un crime

Font de l’escrime.

Elles en font même très bien.

Carolus Duran ne sait rien

Vraiment que désormais ignore

Ninette ou Laure.

Ces tireurs, qu’Amour effleurait,

Tiennent maintenant le fleuret,

Enchaînant avec mille charmes

Leurs phrases d’armes.

Que n’as-tu pu voir, ô Balzac!

Leurs ripostes du tac au tac,

Leur jeu correct et leur mimique

Académique!

Aussi bien que l’homme hideux,

Elles savent faire : Une ! Deux !

Quant à leurs attaques d’allonge,

C’est comme un songe !

Qu’elles mènent agilement

Les changements d’engagement!

Quand un homme est leur adversaire,

Mon coeur se serre.

Car bien vite mécontenté,

Il est toujours au fond tenté

De tomber aux pieds de ce sexe

Et, tout perplexe,

Il se sent devenir poltron

À voir frémir sous le plastron,

Comme une cruelle épigramme,

Un sein de femme.

 

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Louis Mérignac (24 septembre 1846 Paris – 24 septembre 1930 Paris)

Par Gérard Six

Mérignac ne figure pas seulement dans le bottin des départements comme une petite bourgade de Charente, ou comme ville de la banlieue bordelaise, il a sa place également et au premier rang dans le gotha du monde des armes, dans le  Who’s who des escrimeurs. Ce maîtres d’armes fut à juste titre et pendant longtemps, le plus grand nom de l’escrime française et, osons l’écrire, de l’escrime mondiale.

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On ne peut mieux dépeindre Louis Mérignac, le maître des maîtres, ce Champion des champions qui pendant plus d’un demi-siècle fit la gloire de l’escrime, que par la plume d’un de ses élèves de l’ACF, Jacques Boulanger, qui disait de lui : « Le maître est l’homme complet, savant plus que quiconque en la science des armes, artiste dans les plus inextricables passes d’armes, dans la justesse des parades, par ses attaques d’une grande pureté, promptes comme des flèches. Le maître n’a jamais été vaincu. II a sur le visage l’air de certitude des volontaires et des forts mais est pourtant le meilleur garçon du monde. De grands yeux luisants, une moustache qui ne plaisante pas, un profond sillon sur le front lui composent une tête d’homme de fer qui séduit et s’anime étrangement selon les paroles et le geste ».
Héritier d’une mâle et rare vigueur – qui essaya vainement de le trahir jusqu’à sa mort – en  même temps que d’un esprit remarquablement ouvert et très prompt, Louis donnait 1’impression de ne jamais devoir désarmer.
En 1891 (à l’âge de 45 ans) n’annonçait-il pas sans rire qu’il prenait sa retraite et cela après une rencontre étourdissante avec Camille Prévost de laquelle Louis sortit vainqueur. Cette décision ne pouvait le tenir, il ne l’a d’ailleurs jamais tenue. Comment aurait-il pu en être autrement pour qui le connaissait et l’avait vu maintes fois, spectateur d’un assaut, suivre d’un regard dans lequel se lisait l’impérieux désir d’être à la place de l’un des combattants. Mérignac n’était en fait en retraite que pour mieux en sortir.

Comme le 7 mai 1913, pour se rendre à Bruxelles où 1’appelait une rencontre avec 1’un des plus forts tireurs de Belgique, si non le plus fort du moment : le maître De Bel, à 1’occasion d’une fête en l’honneur de l’escadron de Marie Henriette. Monsieur De Bel, avec sa bonne vingtaine d’années de moins, malgré tout son savoir et tout ce qu’il peut faire de son excellente et redoutable main gauche n’en fut pas moins complètement défait. Le même soir Louis Mérignac s’alignait contre le maître Merckx, ce fut une victoire de plus. Mais que sont ces succès, cependant prodigieux auprès d’un demi-siècle de gloire dont s’est couvert Louis Mérignac ?

 

Louis Norbert Mérignac est né le 24 septembre 1846, 5 Chaussée d’Autun à Paris, de père (François) Gascon et de mère (Perrine Marie ) Bretonne. On ne pouvait rêver meilleur alliance de races pour produire un tel escrimeur. Son père François est maître, lui-même fils de Léonard, maître et beau frère de James de Rougerie, maître réputé sous Louis XVI puis la Révolution,  Napoléon 1er et la restauration.

Laissons à Emile Mérignac (maître et frère de Louis) le soin de nous décrire son Père François, admirable professeur, de nous dire quel culte ardent il avait pour son art et la superbe façon dont il 1’enseignait : « Donner une leçon d’escrime était pour lui un plaisir, c’était passer une heure délicieuse qui le transfigurait et lui faisait tout oublier. Maintes fois je l’ai vu, venant de se mettre en colère, car il était violent comme la poudre, ou souffrant et courbé par le mal, ou triste à mourir d’un de ces chagrins dont tant de jours de la vie sont faits ; un élève arrivait ; mon père prenait un fleuret, son masque, son plastron, et au bout de quelques minutes, l’homme furieux, malade ou désespéré de tout à l’heure n’existait plus. Ses yeux brillaient, sa voix vibrait, je sentais qu’il ne songeait plus à rien qu’à faire progresser son élève ».

 

François Mérignac ne badinait guère : autoritaire absolu, rude et acharné au travail, insensible à la fatigue aussi bien qu’à la plainte, il voulut que de bonne heure son fils soit à même de tenir la piste. Chose curieuse, Louis tout enfant n’avait qu’un goût des plus modérés pour l’escrime, on pourrait même dire que cela ne lui disait rien qui vaille et l’on peut aisément se faire une idée de ce que pouvaient être les séances pendant lesquelles le jeune Louis était, malgré lui, quotidiennement mis aux prises avec une inflexible poigne et le désespérant plastron paternel. Enfin, la volonté du père finit un jour par s’affirmer et avec elle s’affirma aussi le goût du fils pour l’escrime.

C’en était fait, Louis serait maître d’armes, aussi prit-il un malicieux plaisir, son jour venu, à taquiner sérieusement en assaut la veste de son père, à lui imposer ses pressions, à l’obliger à céder ou à parer. A l8 ans, en 1864, il fit pour la première fois des infidélités à la salle d’armes paternelle et s’en alla tirer chez Robert Ainé, rue St Marc ou professa aussi le célèbre maître Rue.

En garde comme pas un, mince et bâti tout en muscles, sans le moindre atome de graisse, élégant et souple dans son costume entièrement taillé en noir, Louis Mérignac intéressa vite et vivement tout le monde.

Quelques années plus tard en l867 il eut l’honneur de se mesurer en public avec le fameux maître Robert Ainé, considéré alors comme le plus fort tireur de France.

Celui-ci dut compter avec son jeune adversaire qui n’eut certes pas l’avantage, mais quelle merveilleuse défense il opposa en cette occasion. Cet assaut le classa dès lors parmi les premières lames et il n’y eut plus de fête réussie sans le Tireur Noir qui atteignait alors sa 21ème année.

Toujours en 1867 à l’occasion d’un tournoi organisé à l’occasion d’une exposition, le jeune maître se rencontra avec les principaux candidats engagés dont Eidebrunt de Tours et Gaspard de Marseille qu’il battit. Quel succès ! La même année il combattit de mémorable façon, à la salle Ertz, le maître Staat. Celui-ci, un véritable géant, possédait la réputation d’un tireur horriblement difficile à vaincre. II en fut de même quelques jours plus tard de Monsieur G. de Borda au cercle des Mirlitons.

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Mais voici venir l’époque du Régiment et Louis forcé d’interrompre la période de ses succès pour se rendre à Vincennes dans les cadres de l’armée de réserve d’artillerie. II y restera 5 mois de novembre 1867 à mars l868. De retour du régiment, il prit la direction de la salle d’armes rue Helder que son père avait installée. De son côté François Mérignac ne conservait plus que la Salle de la rue Monsieur le Prince jusqu’au 22 juin l880 époque à laquelle il mourut, laissant cette salle à Emile, frère de Louis et auteur de « l’histoire de l’escrime ».

La salle d’armes de Louis resta située dans cette rue jusqu’en octobre 1873 et les premiers et meilleurs élèves en furent Thomeguez, Laroze, Roulez…

 

Mais il était dit qu’il ne pourrait s’adonner longuement à ses nouvelles fonctions d’enseignant et après la déclaration de la guerre de 1870 il dut quitter ses élèves et sa salle pour se rendre sous les drapeaux. Il servit dans l’artillerie jusqu’en mai 1871, date où il fut nommé Premier maître au 102ème régiment de ligne à Paris (ou son fils Lucien fit également son service). II y laissa un souvenir impérissable.

 

C’est alors que Louis Mérignac quittait le 102ème (septembre 1873), que fut transportée 33 rue Joubert, la salle d’arme de la rue Helder. Elle y fut installée définitivement en octobre et n’occupait à cette époque, que l’entresol de l’immeuble où elle resta fixée pendant 34 ans de 1873 à 1907. En très peu de temps, élèves et professeurs se trouvèrent à l’étroit et il fallut ajouter le premier. Mais, la renommée toujours grandissante de Louis Mérignac lui attirait constamment des adeptes ; force lui fut donc ensuite, de louer tout l’immeuble et de le transformer en Hôtel : noblesse oblige. On sait combien cette salle devint célèbre par la qualité de ses élèves et la notoriété que s’acquirent la plupart d’entre eux (A. d’Espeleta, Costes, Roulez, Chevillard, Lacroix, Boulanger…). Il était alors appelé familièrement par ses élèves « le Patron » et plus tard « le Grand Patron » pour le distinguer de son fils Lucien surnommé le « Petit Patron ».

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Poursuivons maintenant la liste des rencontres soutenue par le Patron qui allait devenir l’homme extraordinaire que nous connaissons. Nous sommes toujours en 1873. Défié par le Baron d’Arize (élève de maître Sabourin) alors considéré comme le meilleur tireur d’épée en un match à cette arme. Louis ne se fit pas prier pour se mettre en face du téméraire Baron. Après lui avoir proposé et fait accepter que cet assaut se déroulerait en trois séries de 12 coups de bouton si lui, Louis ne le capotait pas, je dis bien « capotait » à la première ou à la deuxième série, il se mit en garde. Cela se passait à la salle d’armes de l’école d’escrime Française, 14 bis rue St Marc, l’ex salle de Robert Aîné.

Les lames étaient engagées depuis peu de temps que, Monsieur d’Arize comptait déjà 7 à 8 touches reçues sans en avoir donné 1 et cela serait allé sûrement jusqu’à 12 si son terrible et merveilleux adversaire n’avait été gêné, agacé par le bruit de clefs d’un spectateur assis près de Louis. Il fut convenu qu’on recommencerait le lendemain. Cette fois tout fut prévu pour que les tireurs ne fussent point dérangés et le Patron plus ardent que jamais au combat, distribua sans en démordre une seconde, les 12 coups de bouton promis : c’était le capot. Émerveillé, bien qu’un peu marri de sa mésaventure, le Baron d’Arize félicita chaudement Mérignac et lui envoya quelques jours après, en souvenir de sa belle victoire, un joyau superbe représentant en épingle à cravate, une petite épée.

De 1873 à 1880, le patron se rencontra avec nombre de tireurs sur lesquels sans exception, il remporta d’incontestables et sérieux avantages : parmi ceux-ci nous relevons les noms de Messieurs Ferry d’Esclands, de Hébrard de Villeneuve, des maîtres Jacob, Rouleau Père, Berges Père, Camille Prévost… et les maîtres italiens d’alors. Entre-temps en 1875, Mérignac se rendit à Londres où il se tailla un énorme succès contre les maîtres d’Angleterre.

 

En 1878, il se mesura avec Le maître Ottelet au cercle Volnet. La grande notoriété de ses adversaires de haute valeur fit de cet assaut un fait sensationnel duquel Louis Mérignac sortit encore grandi. II faut dire que sa victoire fut tellement complète, tant par le score que par la manière, qu’elle stupéfia tout le monde. La même année il réserva le même sort au maître Désiré Robert au Grand Hôtel.

Voici enfin venue l’époque célèbre de l880 à 1889 où l’étonnant vainqueur affirma de façon presque absolue son imposante et prestigieuse supériorité. Je veux parler de l’époque fameuse qui vit les rencontres avec San Malato et avec Vigeant.

En septembre 1880 une petite information discrète parut dans quelques feuilles parisiennes, elle était ainsi conçue : le célèbre Professeur Italien Le Baron Turio de San Malato va venir prochainement à Paris. En octobre cette menace se précisa. On fourbissait les armes, on se préparait à subir le choc. En attendant cette rencontre, de longs articles narraient la vie de San Malato, gentilhomme Sicilien. Ses dépenses, tout en le rendant célèbre l’avaient ruiné. Et c’est ainsi que le Baron Turio de San Malato, le 1er tireur d’Italie, vivant fort simplement devint maître d’Armes. Il débarqua un beau jour à Paris avec armes et baguages et précédé d’un renom fabuleux. Les journaux le représentaient comme un tireur invincible et c’était à qui conterait les aventures les plus fantastiques dans lesquelles il fut parfois question de 40 duels ayant donné des combats prodigieux, toujours à l’avantage du terrible baron. Les imaginations chauffées à blanc par de tels récits qui tenaient bien plus des romans de capes et d’épées que de la vraisemblance, on ne tarda pas à vouloir mettre aux prises avec l’un de nos champions le redoutable baron. Celui-ci trouva un maître : Mérignac.

Le Figaro prit 1’initiative de 1’organisation dans sa salle des fêtes. Une séance au cours de laquelle se mesurerait le sicilien et Louis Mérignac unanimement désigné par ses retentissantes victoires, pour soutenir 1’honneur de nos armes en cette exceptionnelle occasion. Le jour de l’assaut, à l’heure où les champions allaient étaler leurs jeux de quarte et de primes, San Malto apparut sur la planche dans un costume étrange tout fait de velours noir, de bottes montantes en peau de daim terminées à la façon de ces tenues que portent les personnages d’opéra. L’étonnement fut tel que le public, entassé dans la salle, en resta bouche bée. Mérignac lui même faisant son entrée quelques secondes après en resta sidéré mais pas pour longtemps. Une fois en garde, il regarda quelques instants les pauses fantastiques que prenait son adversaire qui tantôt debout, tantôt couché, poussait des cris ou frappait du pied devenant ainsi de plus en plus cocasse ; puis il lui décocha subitement un de ses coups droits terribles en pleine poitrine. La danse continua de la sorte jusqu’à la fin de l’assaut qui donna comme résultat 12 coups de bouton très nets portés par Mérignac (11selon certains) contre 1 douteux qui le toucha à la cuisse. Un enthousiasme général salua la victoire du Patron.

 

Le 27 novembre 1880, date mémorable dans les annales de l’escrime française, Louis Mérignac se mit en face du maître Vigeant, meilleur homme d’escrime de l’époque, en l’hôtel de Monsieur Dolfus, spécialement aménagé pour cette rencontre tant attendue. Après un chemin si triomphalement parcouru, Louis Mérignac qui se trouvait près d’atteindre son zénith et qui l’atteindra certainement si cette fois encore, la victoire lui revenait, on comprendra combien était importante pour lui la partie qu’il allait jouer.

Désireux de vaincre, confiant en son admirable nature et en sa parfaite connaissance de son art, Louis affronta sans s’émouvoir son illustre rival. Celui-ci plus pareur-riposteur qu’attaquant fut quelque peu décontenancé par les attaques successives et foudroyantes de son adversaire, mais cela n’empêcha pas que la bataille fut chaude des deux côtés et peut-être beaucoup plus du côté de Vigeant qui n’entendait pas se voir mener à la défaite. II lui fallut pourtant y aller de force et ensuite de conclure que, malgré ses admirables efforts dépensés pour vaincre il n’avait offert à son irrésistible vainqueur qu’une merveilleuse et mémorable défense.

Hormis quelques assauts disputés de-ci de-là avec des adversaires d’importance plus ou moins grande, Mérignac se reposa pour ainsi dire sur ses lauriers jusqu’en 1887. II ne négligea pas pour autant son entraînement et encore moins ses nombreux élèves auxquels il consacrait le plus clair de son temps

En 1887, il lui fallut de nouveau comparaître devant un grand tireur : un concurrent venait de poindre à l’horizon sous les traits de maître Rue, un impénétrable gaucher.

Mais auparavant, en l886, un fait sans précédant dans les armes se produisit qui fit le plus grand honneur à l’escrime et aussi au plus brillant, au plus parfait de ses représentants : le ruban de la Légion d’Honneur vint rougir pour la seconde fois la boutonnière d’un maître, celle de Louis Mérignac (la première fois était pour le maître Jean Louis). J’ajouterai qu’à côté du grand insigne français, Louis possédait de nombreux ordres étrangers, je crois même qu’il les possédait à peu près tous.

Revenons maintenant à l’assaut Rue – Mérignac. Très grand, fort mince, plutôt  maigre et avec cela gaucher, doué d’une vitesse de jambes inouïe qui lui permettait des coups d’allonge fulgurants, je vous laisse à penser le peu commode adversaire que l’on pouvait trouver en Rue.

Le Patron jusqu’alors en avait vu bien des modèles, mais jamais comme celui-ci et il lui fallait une fois encore, montrer que nul ne pouvait même tenir tête au vainqueur des vainqueurs. Il le prouva en doublant cet autre rival au cours d’une rencontre donnée chez Monsieur Lebais, directeur de l’Agence Havas.

 

En 1891, 4 ans après, le Grand Patron, (Lucien âgé de 19ans s’appelait déjà le Petit Patron) pensait prendre sa retraite et organisa à cette intention une grande  soirée au nouveau cirque. Son adversaire fut maître Camille Prévost qui cette fois voulu que la rencontre prit la tournure d’un match étroitement contrôlé et arbitré par des témoins choisis, au nombre de 2 pour chaque tireur. II fut fait comme il le désirait et le jugement rendu par les arbitres fut celui-ci ; Louis Mérignac vainqueur de plus du double (à cette époque on comptait les touches données pendant un temps déterminé). Prévost avait alors 38 ans et Mérignac 45 ans.

En avril, alors qu’il avait tout lieu de croire qu’il resterait retiré des séances publiques, bien paisible dans sa salle d’armes de la rue Joubert, le Grand Patron fut un jour soudainement émerillonné par le désir de connaître de plus près un certain Champion Italien dont la renommée en peu de temps était devenue presque universelle : ce champion transalpin n’était autre que Eugénio Pini, le célèbre maître Livournais qui arrivait pour la première fois en France après avoir fait retentir les 4 coins de 1’Europe de 1’écho de ses nombreux exploits.

Il était vrai que partout où il était passé, personne ne lui avait résisté, et tous se demandaient qui on allait bien pouvoir lui opposer, Mérignac ne tirant plus.

Aussi fut-ce une grande joie dans l’escrime en France lorsqu’on apprit que Louis Mérignac ne demandait qu’à sortir de sa retraite pour donner au fameux tireur Italien, la mesure de sa supériorité jusqu’ici incontestée : il venait d’entrer dans sa 46ème année…

La rencontre eut lieu au Grand Hôtel en présence d’un public considérable. Les deux adversaires se trouvèrent d’abord face à fac aux vestiaires. Louis Mérignac, désireux de ne laisser échapper aucun détail qui ne puisse être à l’avantage du maître Italien, et sachant que Pini endossait parfois une veste noire, avait apporté deux vestes : 1 blanche, 1 noire. Bien décidé à suivre son exemple Louis Mérignac suivait donc à la dérobée les gestes de PINI, et lorsque celui-ci  endossa une veste blanche, il en fit autant laissant au fond de la valise la veste noire soigneusement cachée.

Le choc entre les deux hommes fut plutôt violent. Pini, taillé en athlète, trapu, capable de soutenir des efforts herculéens combattit avec une force musculaire peu commune et des qualités de souplesse et de vitesse surprenantes. Une ardeur farouche que soutenaient une volonté indomptable, aussi bien qu’une  connaissance approfondie des armes faisant de lui un être des plus impossibles à vaincre. Mérignac, il faut en convenir, trouva à qui parler cette fois, plus qu’à tout autre, mais qu’importe, il était encore le meilleur et de beaucoup.

Pini eut beau faire, surtout pendant la première partie du combat qui dura 40mn ; il connut la défaite et pour la première fois.

Les connaisseurs accordèrent à Mérignac 8, 9, 5 et 9 touches (11 parfois) et à Pini  3, 4, 2 et 3 touches (6 aussi dont 2 douteux). Le maître des maîtres l’avait doublé même si les critiques italiens affirmeront que Pini avait emporté une étourdissante victoire que le chauvinisme français transformait en défaite.

Je rappellerai en anecdote, les quelques coups portés par Mérignac et Pini qui, malgré ses 12 ans de moins, prit un splendide coup droit, un admirable dégagement dessus, un autre coup droit précédé d’un battement de quarte, une contre riposte par coupé dessous ; la dernière touche portée fut une remise. Cette rencontre de Pini et du Grand Patron est la seule que connut la grande masse des escrimeurs.

 

Les élèves de Mérignac connurent un autre match qui eut lieu à la salle de  la rue Joubert en 1902, au cours d’une des visites que le maître Italien ne manquait pas de faire à son illustre vainqueur, chaque fois qu’il se trouvait à Paris.

Pini, après s’être mis en tenue, causait avec plusieurs des tireurs de la salle, lorsqu’apparut dans l’encadrement de la salle, Louis Mérignac vêtu de son fameux costume noir avec plastron blanc. « Tiens, s’écria Pini, Mérignac descendu de son cadre ». En effet le Grand Patron possédait alors un portrait grandeur nature où il était représenté dans ce costume. « Oui, répond le Patron, pour s’empoigner avec toi, si toutefois mon rhumatisme au bras droit ne fait pas trop des siennes ».

L’assaut commença, 2 où 3 engagements de part et d’autre en furent le prélude et soudain un coup droit partit telle une balle à l’adresse de Pini. « Tocatissimo » cria-t-il à gorge déployée. Un tel coup de vitesse de la part d’un homme de 56 ans sur un homme de 44 tenait du prodige. Pini n’en revenait pas. L’assaut reprit avec une activité belle à voir. Dans un de ces corps à corps que sait si bien mener Mérignac, Pini fut une deuxième fois touché mais dessous, par une quarte-coupé dont l’exécution puissante fit tordre les lames.

Un troisième coup du Patron, une contre riposte dessous fut discutée mais déjà  Mérignac faiblissait par l’effet de son manque d’entraînement et de son rhumatisme. Il continua quand même et ce n’est qu’au bout de quelques minutes pendant lesquelles Pini toucha 2 ou 3 fois que l’assaut fut arrêté. Lucien Mérignac entrait à ce moment et Pini se précipita vers lui pour le saluer et lui dit : « si j’avais oune père comme le tien, je le mettrais sous globe ».

 

Avant cette rencontre, le Patron avait eu l’occasion  de mieux donner la mesure des étonnants moyens qu’il avait conservés, en tirant une seconde fois contre C. Prévost au Palais de l’Elysée, en présence du Président Félix Faure. Cela se passait en 1895 et malgré les 50 ans de Mérignac, sa supériorité fut telle que le Président de la séance jugea courtois, c’est du moins ce qu’il sembla,  d’écourter l’assaut.

En 1897 la salle de la rue Joubert reçut la visite du jeune champion belge Fernand Desmet. Celui-ci venait de ce couvrir de gloire au tournoi du Figaro et tout le monde le considérait comme un tireur extraordinaire. Le Patron invita le jeune champion Belge à faire assaut et tous deux se mirent en garde. Je vous prie de croire que les contres de sixte et les coupés de quarte du redoutable jeune Maître n’eurent pas beau jeu. Il en convint du reste et déclara avec une franchise qui lui fit honneur, que jamais il n’avait reçu tant de coups de boutoir.

Si Louis fut et resta le plus fort tireur du Monde, ainsi que la écrit M. Adolphe Tavernier et tant d’autres, il n’en fut pas moins le premier de tous les démonstrateurs, formateurs. J’en veux pour preuve la quantité d’élèves qu’il forma et les succès qu’ils ont remportés : ils sont innombrables et je me contenterai de rappeler le tournoi de 1900 (celui des 2èmes Jeux Olympiques) de Paris où son fils Lucien obtint le 1er prix et où participaient pourtant des maîtres comme Kirchoffer, Rouleau, Mimiague, Santelli, Coste.

 

En 1903 la société d’escrime française donnait en l’honneur de Mérignac une  grande soirée à l’issue de laquelle elle lui remettait une grande plaquette en or spécialement frappée à son effigie et à celle de l’immortel Jean Louis. Cette réunion des deux grandes gloires du siècle est 1’attention la plus forte qu’on ait eu pour Louis Mérignac. Elle lui est demeurée la plus sensible. Ajoutons qu’au cours de cette soirée, il nous fit assister avec Lucien Mérignac devant son plastron à une démonstration inimitable de la leçon. Qui n’a pas vu cela, n’a rien vu en escrime. Lucien tint bon un peu plus d’un quart d’heure sans une fois se désunir ni une fois se tromper. La leçon qui lui était donnée était de la plus rude et n’avait nullement été préparée.

A 61 ans, en 1907 le Patron désireux de prouver encore qu’on pouvait compter sur lui le cas échéant, accepta de se rencontrer avec le jeune et très fort  maître Adolphe Rouleau dans une séance organisée au bénéfice d’œuvres humanitaires. Dès son apparition sur la planche, la salle entière l’acclama. Il est de fait que la vue de ce champion sexagénaire à la physionomie énergique et aux formes athlétiques moulées dans une impeccable tenue méritait d’exciter l’enthousiasme. C’en était à croire que l’âge n’aurait jamais prise sur ce diable d’homme et sans le gris de la moustache et des cheveux, Mérignac n’eut guère paru plus vieux que  Rouleau, et une fois les masques mis, distinguer l’ancien du jeune n’était plus possible. Suivant sa belle nature, le Patron mena le jeu et sa suprématie fut  complète. Je passerai l’ovation chaleureuse qui lui fut faite à la sortie de la piste.

En 1912 fut inauguré la magnifique salle d’armes de l’Automobile Club de France, place de la Concorde. C’est à Louis Mérignac qu’elle fut confiée, aidé de ses fidèles prévôt  Coubard et Sel. Il y restera jusqu’à sa retraite définitive le 16 juin 1920. A cette occasion, André Maginot, ministre et président de la Fédération d’escrime présida la soirée où ses amis lui remirent un somptueux livre d’or où les éloges côtoient les signatures les plus illustres. Louis Mérignac avait 74 ans.

Louis Mérignac devait décéder le 24 septembre 1930, deux mois après que la rosette de la Légion d’Honneur avait été accordée à cet illustre Maître. Ses obsèques ont été célébrées en l’église Saint Pierre de Neuilly devant une assistance innombrable.

 

Voici ce qu’écrivait Marcel Boulanger, dans « De Cinq à sept chez L. Mérignac » 1895 : « le maître est un homme complet : c’est un savant, c’est un artiste. Savant plus que quiconque en la science de l’épée et artiste, comme on le sait, si délicatement dans les plus inextricables passes d’armes, artiste et des parades d’un style si précieux dont il a le secret, par ses attaques d’une grande pureté, prompte comme des flèches ».

Voici Mérignac chez lui, dans sa salle élégante de la rue Joubert.  Le maître des maîtres a revêtu son pantalon gris, flottant, serré à la  cheville. II a endossé le plastron, usé par les coups de bouton, rapiécé, vieux serviteur qu’il affectionne.

Sa main droite, gantée, tient le fleuret à garde pleine et carrée qui est la caractéristique de la maison. Sa main gauche, gantée également, les élèves sont quelquefois maladroits, est placée à hauteur du sein droit.

Entre le pouce et l’index écartés, une pièce du plastron apparaît : c’est là que Î’élève doit tirer. Partout ailleurs, à moins d’indication contraire, le coup est mauvais et il faut le recommencer, non sans entendre d’amicales bourrades.     Les jambes sont tendues toutes deux, le maître n’est pas en garde pour donner la leçon, comme lorsqu’il fait assaut : alors, la position est toute autre et l’Invaincu plie les genoux.

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Les Mérignac, une dynastie de maîtres

Les « Mérignac » sont une famille noble et ancienne qui figure au premier rang dans le gotha du monde des armes, dans le Who’s Who des escrimeurs.

L’arrière grand-père des célèbres maîtres d’armes fut Léonard de Mérignac, tué dans un engagement en Vendée pendant la période révolutionnaire. Son beau-frère, James de Rougerie fut un excellent maître d’armes militaire sous Louis XVI, la Révolution, Napoléon I et la Restauration. Ce fut lui qui apprit le difficile art de l’escrime à son neveu François.

François Mérignac (18I7-1881), fils de Léonard et de Jeanne Decazes, fut maître d’armes au 4e bataillon de chasseurs d’Orléans. C’est lui qui fonda la salle d’armes de la rue Monsieur 1e Prince. L’escrime française lui doit beaucoup, et c’est lui qui forma, par ses excellentes leçons, ses deux fils, Louis (père de Lucien) et Émile de Mérignac (père de L’histoire de l’escrime).

Il convient d’ajouter que leur oncle, le maréchal des logis Léonard de Mérignac, maître d’armes au 10e dragons, fut aussi leur professeur.

Les exploits du « Grand Patron » Louis Mérignac sont extrêmement nombreux : nous ne lui connaissons pas de vainqueur sur la piste ; il fut et resta le plus fort tireur du monde. En 1880, il bat le professeur italien San Malato. La même année, il rencontre le maître Vigeant, qu’il contraint à la défaite. En 1887, maître Rue subit le même sort. En 1891, il bat Camille Prévost et Eugénio Pini, le célèbre livournais pourtant plus jeune et invaincu jusque-là. En 1897, Fernand Desmet subit les pressions de Mérignac et part en cédant. En 1913, à 67 ans, il bat De Bel et Merckx, les fameux et jeunes maîtres belges.

Il forma de très nombreux tireurs, dont son fils Lucien, médaillé d’or aux Jeux de Paris en 1900, l’un des héros du fameux duel franco-italien. Il forma également l’autre Lucien, le hors classe Gaudin qui, lui aussi, ne connut pas la défaite.

 

Rencontres officielles de Louis Mérignac avec des maîtres d’armes ou des amateurs:

–         En 1867, Louis Mérigac contre Robert Aîné,

–         Tournois organisés à l’occasion d’une exposition en 1967

–         1873, Louis M. contre le Baron d’Arize à l’épée, en 3 séries de 12 touches.

–         1875, rencontre avec des maîtres anglais.

–         De 1876 à 1880, rencontre avec les maîtres Jacob, Rouleau Père, Berges Père, Camille Prévost et les amateurs Ferry d’Esclands et Hébrard de Villeneuve

–         En 1878, rencontre avec le maître Ottelet au Cercle Volnet et Désiré Robert au Grand Hôtel.

–         En 1880, avec le fameux maître italien le baron Turio de San Malato organisé par le Figaro, dans sa salle des fêtes.

–         Le 27 novembre 1880, L. M. contre le maître Vigeant à l’hôtel particulier de M. Dolfus.

–         En 1891, L.M. contre C. Prévost avec 2 témoins pour chaque tireur, match au temps.

–         En 1891, L.M. contre Eugénio Pini, maître italien de Livourne au Grand Hôtel. Match au temps (40mns ! Impressionnant !)

–         7 mai 1913, Bruxelles, rencontre avec 1’un des plus forts tireurs de Belgique, le maître De Bel, à 1’occasion d’une fête en l’honneur de l’escadron de Marie

–         En 1895, à l’Elysée, devant le Président Edgar Faure, L.M. contre C. Prévost

 

Enseignement

De 1976 à 1914 : professeur à Louis le Grand

De 1992 à 1923 : 31 ans au Conservatoire de musique

30 ans à l’Ecole Gerson

 

Salles d’armes

–         Automobile club de France de 1912 à 1920… en fait jusqu’à sa mort

–         Salle de la rue du Helder – Salle de la rue Joubert en 1868

–         Cercle artistique et littéraire, de l’escrime et des arts rue Taitbout puis Volney

–         Ecole d’escrime française

–         Salle du Bon marché

–         le Grand Cercle bld Montmartre

 

Services militaires /

–         02/11/1867 au 21/03/1868 : 5 mois comme soldat au Régiment d’artillerie monté n°937

–         24/07/1870 au 31/12/1873 : 3 ans 10 mois dont la campagne contre l’Allemagne comme brigadier puis maréchal des logis au 102e régiment d’infanterie. Sergent maître d’escrime par décision ministérielle du 26/10/1871

–         Passé au 3e régiment d’artillerie le 28/02/1878 comme maréchal des logis

–         Période du 27/04 au 11/05/1878

–         Réserviste le 31/12/1880

 

Associations des Maître

Fondateur de l’Académie d’armes de Paris (nouvelle) en 1886

Président pendant 10 ans de la Société de Secours Mutuels des Maîtres d’Armes

 

Décorations

Chevalier de la Légion d’Honneur le 16/04/1886 puis officier

Officier d’Académie

Officier de l’ordre de la couronne de Roumanie

Chevalier de l’ordre de Carlos d’Espagne

Chevalier de l’ordre royal du Portugal

Commandeur du Vietnam

 

La botte secrète de Louis Mérignac

 

« Louis Mérignac plaçait “prime coupé”, non pas seulement, comme la plupart de ses collègues, sur ces adversaires de second ordre avec lesquels on peut jouer, mais sur de très redoutables antagonistes et en des assauts où le grand maître risquait sa réputation. De cette vieille parade riposte, Louis Mérignac avait fait un coup d’assaut dur. On s’ébahissait; on criait presque à la sorcellerie. On essayait de l’imiter, de réussir comme lui des coupés de prime, et on se faisait toucher. Eh bien, ici encore, on peut dire botte secrète, puisque presque personne ne voyait le secret du coup, qui était entièrement dans sa préparation. Placer le coupé de prime sur une attaque même très franche, par exemple après sixte et prime sur une-deux dedans est extrêmement difficile ; pour réussir cela, il faut avoir devant soi un débutant ou un naïf. Mais Louis Mérignac s’y prenait autrement. Il envoyait d’abord, en marchant, une attaque composée assez large et mal couverte, d’ailleurs prudemment retenue, qui ne touchait pas, qui avait pour but non de toucher mais de donner à l’adversaire l’envie de prendre un arrêt; puis le grand maître recommençait la même attaque, ou plutôt la commençait seulement; cette fois l’adversaire tendait sur le bras allongé et dans les feintes larges de Louis Mérignac ; alors celui-ci, en repliant un peu le bras, prenait prime coupé sur la tension avec une vitesse foudroyante. La prime, fort difficile à exécuter dans la position raccourcie de la garde, devient plus aisée le bras allongé, avec un très léger repliement. Au lieu de la prendre en parade, Louis Mérignac la prenait en contre tension C’était simple. Et cela restait secret, car on ne le remarquait pas plus que le spectateur d’un tour de passe-passe n’aperçoit le “truc” si l’illusionniste est adroit. »

 

Racontée par J. J. Renaud in « Bottes secrètes » (date inconnue)